Dans la série « Zonebourse l’avait dit », l’éditeur de logiciels de conception 3D pourrait bientôt cocher une case supplémentaire.
Pour être clair, Dassault Systèmes est de longue date l’un des grands favoris de la rédaction. Son parcours, exceptionnel, la qualité de ses franchises comme Catia, Netvibes ou Solidworks, presque invincibles sur leurs segments d’activités, et sa gestion, conquérante mais toujours teintée de prudence, ne pouvaient bien sûr que susciter l’admiration et les félicitations du jury.
Cela ne nous empêchait pas de manifester de la réserve à l’annonce des objectifs stratégiques de 2028, communiqués avec emphase lors du dernier changement de direction qui vit Pascal Daloz remplacer Bernard Charlès dans le fauteuil de directeur général. Voir à ce sujet Dassault Systèmes SE : Feuille de route très ambitieuse.
Dassault Systèmes, c’était dit, promettait en effet de doubler son profit par action entre 2023 et 2028. En d’autres termes, de reproduire sur les cinq prochaines années — quatre désormais — sa performance de croissance réalisée sur les cinq précédentes, comme on le sait largement liée au succès de l’intégration de l’américain Medidata racheté en 2019 pour €5.2 milliards.
L’objectif n’était certes pas inatteignable, notamment au regard de l’excellente position financière du groupe qui lui offre une pleine latitude pour embrayer de nouveau sur une ambitieuse stratégie de croissance externe. En revanche, une annonce de cette nature ne pouvait que fixer haut les attentes des investisseurs, et ainsi augmenter le risque de les contrarier.
Pas étonnant, dans ce contexte, que les récents résultats ne soient accueillis qu’avec peu d’entrain. Sur les neuf premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires ne progresse « que » de 4%, et le résultat d’exploitation de 1%. Ainsi, la forte hausse du bénéfice par action découle en premier chef du résultat financier plutôt que des opérations.
Parmi les trois segments Innovation Industrielle, Sciences de la Vie et Innovation pour les PME, le premier semble promis à de prochains trimestres difficiles, récession oblige ; le second patine, en reflet de l’industrie qu’il dessert, toujours en phase de disette ; tandis que le troisième surprend par sa progression, à nouveau remarquable cette année.
Dassault Systèmes s’échange en bourse à trente-cinq son profit attendu cette année, et trente-et-une fois son profit attendu l’an prochain — peu ou prou la moyenne de valorisation historique si on la lisse sur le long terme, et qu’on retraite de cette moyenne la période de distorsion sans queue ni tête observée durant la pandémie.
A ce multiple, l’exigence de croissance des investisseurs reste forte. Zonebourse ne serait donc guère étonné de voir le groupe annoncer une acquisition majeure très prochainement.
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